PRINCE JACQUARD  par Raphaël Mesa

I

Jacquard, prince du marché
Avec son chapeau noir, et son nœud papillon
Sillonne les bouchers
A la recherche du jambon finement tranché.

      Prince Jacquard sillonnait le marché par un bel après-midi d'été, lorsqu'il rencontra son compère Grimmault le sage, en pleine phase de méditation. Prince Jacquard, toujours vêtu de noir, avait alors acheté trois gousses d'ail cosmique, mets rare et hors de prix. Il savait que compère Grimmault en était très friand, c'est pourquoi, interrompant la méditation, il lui proposa de venir dîner au château. Grimmault, petit homme maigre et avare, ne refusait jamais une invitation, et surtout pas celle de Prince Jacquard le bienfaiteur, ami des coqs martiens télépathes.
Ils prirent tous deux le carrosse volant de Jacquard, tout doré et aux accoudoirs incrustés de pierres précieuses, car Prince Jacquard était, comme tout le monde le savait d'ailleurs, un grand mégalomane...
 - Alors, compère Grimmault, as-tu des nouvelles du marché, en ce bel après-midi ? demanda Jacquard.
- Je n'en ai point, Prince. Du moins, aucune susceptible d'intéresser Votre Grandeur, répondit compère Grimmault, tout en buvant une coupe de vin. Il est vrai que ces derniers temps, le marché est très paisible.
- Mais tout cela est très intéressant ! Aucune nouvelle, c'est bizarre, donc intéressant... Mais j'aperçois Le Château et ses vignes qui l'entourent. Je vois les fontaines de marbre et de bronze, je vois les dorures des fenêtres, je vois le donjon, avec, à son sommet, l'emblème des Jacquards. Tout ceci est splendide, car tout ceci est à moi !
- C'est on ne peut plus magnifique Prince...

Le carrosse se posa doucement sur le carrosseport privé des Jacquards. Prince Jacquard fit revêtir compère Grimmault d'une cape noire, de sabots de marbre et d'une combinaison orange. Ils pénétrèrent dans la vaste salle à manger, et Jacquard fit préparer l'ail cosmique. Ils n'étaient que quarante-cinq à table, car les autres invités avaient étés avalées par une limace Plutonienne, ce qui était fort peu aimable de leur part. Quand Prince Jacquard et compère Grimmault entrèrent, tous les invités applaudirent.
 - Merci, mes chers amis, dit Jacquard. J'ai invité au passage notre vieil ami compère Grimmault, car nous mangeons de l'ail cosmique, ce soir...
Soudain, Archibaldeau le Taquineur entra dans la salle, le visage en sang. Ses vêtements semblaient avoir étés brûlés par quelque jet de flammes bleues. Il vint près de  Prince Jacquard et de compère Grimmault, qui commençaient juste à déguster l'ail cosmique. Jacquard lui dit :
- Ah ! Archibaldeau le Taquineur ! Plonge ta tête dans cette source de jouvence, et dis-nous ce qui t'es arrivé. Cela nous changera de tes taquinerie.
- Je n'ai pas le temps, Prince Jacquard ! Je dois juste vous dire qu'en ce moment même, le marché connaît de grands bouleversements ! Grouilleau le volailler, qui a connaissance de tes exploits passés, te charge de calmer la situation. Si tu réussis, ô grand Jacquard, tu auras droit à un coffre de diamants galactiques ! dit le Taquineur, essoufflé.  
- Un coffre de diamants, et galactiques ?! Mais cela est fort intéressant, et je connais les régisseurs du marché ! Je m'en vais dès à présent vers cette nouvelle aventure !
- Oui, mais ce n'est pas un trouble comme les autres ! Un dragon attaque les commerçants ! Et je ne sais pas si tu as déjà affronté de telles créatures de l'enfer...
- En effet ! Serviteur ! (un serviteur vint aux côtés de Jacquard) Vas me chercher un livre sur les puissants dragons de notre planète ! demanda Jacquard.
- Bien, Prince.
- Alors mon beau Archibaldeau, vas te soigner immédiatement. Prends des armes et des armures, et tu viendras combattre le monstre !
Le serviteur arriva, un énorme livre dans les mains. A présent, les convives entouraient Jacquard et compère Grimmault, ainsi qu'Archibaldeau le Taquineur, qui venait de baigner son visage dans la source de Jouvence du château. Grimmault pris le livre et lut la page concernant le combat contre une "créature ailée et écailleuse, ou Dragon":
- "Les dragons furent crées par notre bon compère Esilli, il y a plusieurs millénaires. Ils résultent du fait que, au lieu de mettre trois cuillères à café de Globules vénéneux dans une bassine d'eau, afin de faire pousser des roses, le compère Esilli en mit quatre, ce qui donna un Dragon. Il étudia cet animal toute sa vie, et nous dit que pour l'abattre, il fallait lui verser le bouillon de l'ail cosmique sur les organes génitaux visibles, ce qui le carboniserait immédiatement..." Voilà ce que nous devons faire, dit Grimmault, et toute l'assemblée se mit à rire. Cela tombe bien, car il nous reste du bon bouillon !

II

Le bon Prince Jacquard
Sans peurs et sans reproches
S'en va combattre le dragon
Pas comme compère Pétoche.

        A peine avaient-ils les armures qu'ils partirent, Prince Jacquard, compère Grimmault, et Archibaldeau le Taquineur, vers le marché où le jour même, Jacquard invita Grimmault à déguster les gousses d'ail cosmique. L'ail cosmique était réputé pour ses effets apaisants, et ses fleurs qui, une fois infusées, constituaient une excellente boisson aux vertus laxatives. Comme dit précédemment, ce met était absolument hors de prix, mais "hors de prix", cela n'existait pas pour Prince Jacquard le bienfaiteur.
Le carrosse se posa en douceur juste derrière le monstre qui dévorait délicatement un petit commerçant. Prince Jacquard bondit hors du véhicule et cria au dragon :
- Holà, monstre ! Je te somme de relâcher immédiatement ce pauvre commerçant, ou bien tes parties intimes connaîtront la saveur du bouillon d'ail cosmique !
- Calme, Prince Jacquard ! Lui répondit le dragon. Il relâcha le commerçant qui avait les jambes dévorées. La chute aggrava sa douleur (!).
Le dragon se mit en position de combat, ainsi que nos trois compères. La lutte allait commencer...

III

Quand Prince Jacquard se bat
L'ennemi sans force
Se sauve comme un rat
Devant le bienfaiteur féroce

                Les yeux rouges du dragon fixaient nos trois compères qui n'étaient pas très à l'aise, sauf Prince Jacquard, bien sûr. Ce dernier s'élança, et coupa un morceau de chair de la cuisse du dragon. Le reptile, en colère, cracha le feu bleu, particularité de notre dragon. Pendant que le monstre essayait de s'acharner sur le courageux Prince Jacquard, compère Grimmault envoya le sac de bouillon contre les organes génitaux visibles de la bête. Ce dernier poussa un terrible rugissement, puis arrêta de combattre et dit :
- Vous avez gagné, Prince Jacquard. Aussi, puis-je devenir votre fidèle serviteur, car c'est notre principe ?
- Tu le peux, dit Prince Jacquard, maintenant nu et quelque peu ridicule, mais Prince Jacquard était de ces hommes qui, même dénudés, gardaient leur puissante dignité. Viens au château, alors...
- Prince Jacquard, appela compère Grimmault, êtes-vous sûr que cela n'est pas sans dangers, vous savez bien que...
- Sache que les dragons ne mentent jamais, coupa le dragon.
- Bien, bien...
Ils partirent dans le carrosse de Jacquard, suivis par le dragon, qui fut baptisé Dragon le Brûlant. Arrivés au château, nos compères racontèrent aux convives, inquiets depuis le départ de leur hôte, le combat, puis les paroles du dragon qui s'était avoué vaincu. Ensuite, tous allèrent le voir, pour faire connaissance et sympathiser avec le Brûlant. Sur toute la planète on connu la nouvelle, et Prince Jacquard grimpa de cent-vingt points dans les sondages, chose très importante.
Après ce glorieux épisode, Jacquard devint encore un peu plus mégalomane, mais ça, les gens en avaient l'habitude !
Le Prince du marché fit construire une tour pour le Brûlant, avec les commodités, le bassin d'eau chaude, le chauffage, bien sûr, et une immense chambre. Il faut aussi préciser que le Brûlant était un animal intelligent qui pouvait parler, ce qui en étonna plus d'un. Il dût tout de même verser une indemnité au commerçant qui avait les jambes broyées.
Et puis, un beau jour, Dragon le Brûlant disparut. Dix ans après son départ, on donna à la tour des dimensions humaines, mais dès les travaux achevés, ce petit plaisantin qu'était le Brûlant revint. Il fallut redonner à la tour des tailles de dragons. Et depuis, Dragon le Brûlant a épousé une Dragonne, ils vécurent longtemps et eurent beaucoup de dragons, mais cela est une autre histoire, revenons-en à prince Jacquard ((!) car il y a un rime...)

        Notre bon prince Jacquard le bienfaiteur, ami des coqs Martiens télépathes, avait fait l'achat de plusieurs centaines de livres chez un brocanteur sorcier qui avait décidé de se reconvertir dans le commerce des épées magiques (épées qui lancent des flammes, de l'eau, de la glace, des coqs Martiens télépathes, etc.....). Jacquard passa donc toutes ses soirées d'hiver et d'été à étudier ces livres, lorsqu'il trouva quelque chose de ma foi fort intéressant :
- Compère Archibaldeau le Taquineur ! Compère Grimmault ! Venez admirer ma trouvaille... appela-t-il. (Précisons que les deux compères avaient élu domicile chez Prince Jacquard)
- Qu'y a t il ? demandèrent Grimmault et Archibaldeau.
- Je viens de trouver quelque chose de formidable...
- Une nouvelle recette d'ail cosmique ? demanda stupidement le Taquineur.
- Mais non ! Il s'agit d'une incantation destinée à faire apparaître le Méga Coq Martien Télépathe. C'est fantastique, n'est-ce pas chers compères ?
- Mais tout d'abord, qu'est-ce que le Méga Coq Martien Télépathe ? demanda compère Grimmault.
- C'est un coq. C'est un martien. Il est télépathe. Et SURTOUT, il est MEGA, leur expliqua Prince Jacquard, grandiose. Je dois le voir. Ainsi, je serais plein de sagesse éternelle. Je deviendrais un héros interplanétaire ! Les gens ne parleront plus que de Prince Jacquard, le sage. Alors ?
- Et bien allons-y. Mais aller où ? demanda Archibaldeau.
- Sur Pluton, bien sûr ! Sur le pôle le plus extrême de Pluton, le pôle de l'ours assoiffé. Il nous faudra organiser une expédition, à bord d'un véhicule spécial que j'ai imaginé. Toi, compère Grimmault, retourne au marché, et clame cette nouvelle ! Je tiens à ce que tout le monde le sache, et je veux au moins un million de personnes qui admireront notre départ ! Donc toi, Grimmault, clame la nouvelle, et toi, Archibaldeau, trouve-moi un million de personnes !

IV

Super Jacquard en costard noir,
Se pavanait en plein été
Lorsque en ayant marre
Il partit affronter Pluton la Glacée.

        Le véhicule de Jacquard fut baptisé Le Super Jacquard 3000. Il pouvait atteindre une vitesse de cinq mille kilomètres à l'heure, il était le plus rapide des carrosses. Et puis le jour du départ arriva. Archibaldeau le Taquineur avait fait du bon travail, car un million de personnes et pas plus, étaient présents sur la place où aurait lieu le départ. Nos trois compères arrivèrent sur le dos de Dragon le Brûlant, et toute la foule les applaudit.
Ils pénétrèrent dans le Super Jacquard 3000, dont les moteurs chauffaient, et Prince Jacquard le fit démarrer. L'onde produite par le démarrage tua toute la foule, sauf Dragon le Brûlant, qui applaudissait. Prince Jacquard dit :
- Ca, ce n'est pas de chance pour eux. Enfin, que voulez-vous mes chers compères, il faut bien mourir un jour, mais le plus tard pour moi sera le mieux. Nous voici dans l'espace interplanétaire. J'ai toujours aimé ce décor. Toutes ces étoiles qui brillent, tous ces mondes inexplorés, dont les habitants feraient sans doute de parfaits sujets pour moi, Prince Jacquard... C'est formidable, n'est-ce pas, compère Grimmault ?
- Formidable, Prince Jacquard, formidable...
Et ils s'en furent, vers Pluton la Glacée, planète qui n'attendait plus qu'eux.

Extrait du journal de Prince Jacquard
Le premier jour

        Je pars en héros, sous les applaudissements et les cris de joie (ou d'horreur ?) de la foule. De longues traînées dorées et puissantes sortent des moteurs de mon carrosse. Je suis impatient d'arriver sur Pluton la Glacée, afin de devenir le maître des télépathes. Inutile de préciser que compères Grimmault et Archibaldeau le sont aussi, sauf qu'eux ne seront jamais télépathes. Ils profiteront simplement du voyage, et porteront les bagages. Je me contente pour l'instant de piloter le vaisseau et d'écrire ce journal, tandis que mes compères restent assis sans dire quoi que ce soit, leurs visages, d'habitude bien roses, maintenant pâles.
Au déjeuner, nous avons dégusté une succulente purée de courgettes et de potirons, ainsi qu'une petite friture de larves cosmiques. Dommage que l'on ne puisse trouver de l'excellent ail cosmique sur Pluton. Il n'y a que de la ciboulette cosmique, et peut-être quelques bouquets de bananes bleues cryogenisées. Les Plutoniens ne sont pas fins gourmets, ils sont pour la plupart squelettiques. D'ailleurs, ils sont tous morts, ce qui explique leur aspect physique, et la chute des actions ayant rapport avec ce monde.
Peut-être leur ai-je prélevé trop d'impôts, mais à force de faire de la contrebande de roupettes (testicules de coqs (Martiens Télépathes) en gelée, disponibles à l'aire des volcans d'Auvergne, 80 francs le bocal de 500 grammes), ils l'ont bien mérité.
C'est le soir (?), dans l'espace. Archibaldeau s'est évanoui, le sans-gêne, et Grimmault et moi avons un forte intéressante discussion au sujet des marchés, dont je suis le maître. Quand nous fûmes fatigués, nous allâmes nous coucher, fin de la journée.

Deuxième jour

        Je vois déjà Pluton la Glacée, nous arrivons. Je réveille compère Archibaldeau, et Grimmault fait entrer le carrosse dans l'atmosphère de glace de la planète. Nous enfilons tous les trois nos scaphandres bleus, et sortons. Le carrosse s'est posé en haut de la plus haute montagne du pôle nord Plutonien, soit l'endroit planétaire le plus froid du système solaire. Nous descendons une pente abrupte pour aller disposer en cercle les différentes amulettes nécessaires à l'invocation. Un vent monstrueux rend la descente difficile. En haut de nous, il y a des limules volantes qui se battent, et d'autres qui discutent. Une fois l'installation achevée, nous remontons en haut, et là, il y a le Mega Coq Martien Télépathe, qui nous attend.
Dès qu'il nous voit, il devient tout rouge, et pousse des petits cris de coq. Je le sens qui lit dans mes pensées. Puis nous voyons son arrière-train devenir rond, très rond, il est encore plus rouge, à chaque seconde qui passe. Et puis il pond un oeuf noir, et disparaît.

Retour aux choses normales :
exit le journal.

        - Mais...mais...je...je...QUOI !!!??! cria Prince Jacquard, rouge de colère.
        - Hé! Hé! Hé! Quelle belle ponte ! dit stupidement Archibaldeau.
        - Tais-toi, manant ! J'en ai plus qu'assez de tes perpétuelles stupidités ! cria encore plus fort Prince Jacquard, encore plus rouge de colère. En punition, tu seras exécuté ! Mais avant, charge ce bel oeuf de je-ne-sais-quoi dans le Jacquard 3000 !
- Bien, Jacquard... répondit Archibaldeau, sans respect pour Prince Jacquard.
Ce dernier, profondément choqué, brisa le verre du scaphandre du Taquineur, qui mourut. Puis ils repartirent dans la joie et la bonne humeur, satisfaits, quand même.
Lorsqu'ils arrivèrent au Marché, une cérémonie funèbre fut organisée en la mémoire du pauvre Archibaldeau.
Dès lors, son fantôme hanta les longs couloirs du château de Jacquard, à la recherche de la taquinerie ultime.  

En conclusion de Prince Jacquard:

        Depuis, le Prince du marché n'a cessé d'agrandir son empire, et son palais. Il ne sait pas qu'il lui reste encore de nombreuses aventures à vivre, peu avantageuses pour son honneur, mais cela est une autre histoire...       

Et compère Grimmault dans tout ça ?

        Compère Grimmault est resté avec Prince Jacquard, et la nuit, il devient un terrible trafiquant de roupettes, roule en Harley Davidson verte et orange, tout de cuir vêtu, et sillonne la merveilleuse planète du Marché...

                                                                                        Raphaël MESA
© -2001
Avec son aimable autorisation et tous mes remerciements

Tout a commencé au cours des années 70, lorsque mon père s'est mis à lire Jack Vance, il avait alors mon âge, soit environ quinze ans. Depuis, il est devenu fan, et son rêve a toujours été de rencontrer le grand Jack, rêve qui se réalisa lors du festival Utopia 98. En effet, grâce à un concours de circonstances assez incroyable, Jack Vance est venu dîner chez nous, en compagnie de sa femme, Norma, et de Paul Rhoads, qui est aujourd'hui un ami. Je me suis alors mis à lire du Vance, et suis donc devenu "accro" à mon tour.

De gauche à droite : Paul Rhoads,Mme Mesa,Jack Vance,Norma Vance,Mr.Mesa et Raphaël Mesa (itself à l'âge de 11 ans) - photo prise lors du séjour de Jack en France - octobre 1998.

Quant à Prince Jacquard :
Un beau jour, alors que nous étions au marché de Chinon, je vis un homme.Il était grand,tout de noir vêtu. Un petit vieux passe alors à côté (un ami, sans doute) et lui dit "t'es beau comme un prince !" et l'homme en noir "toujours..."
Il fallut attribuer un nom à ce personnage, et ce nom fut Jacquard. J'ai donc écrit cette nouvelle, et, un soir où il était chez nous, l'ai faite lire à Paul Rhoads, qui la publia dans le CLS 3 
(supplément littéraire à Cosmopolis) ( la suite figure dans le CLS 6, peut-être un peu moins réussie (?)).
Je vis aujourd'hui dans une petite ville nommée Loudun, non loin de Chinon, et suis lycéen.
Quand j'ai un moment, je le passe à écrire de courtes nouvelles, et à dessiner.
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