Gallimard - Folio SF n°
341
(2009) Traduit de l'anglais
par Gilles Goullet
A38975
- ISBN 9782070389759
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Clarges, on peut être un gluron et mourir du jour au lendemain. On peut
aussi suivre la pente et devenir successivement Couvée, Cale,
Troisième, Seuil et enfin, accomplissement ultime, Amarante. S'ouvre
alors à vous la vie éternelle. Mais gare à vous si vous déviez de la
voie qui vous est tracée : vous risquez de voir la limousine d'un
assassin s'arrêter devant chez vous. Gavin Waylock, lui, est prêt
à tout pour parvenir à l'immortalité. Y compris à devenir un Monstre en
tuant une Amarante. Malheureusement, il n'est pas si simple de venir à
bout d'une immortelle.
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in "Emphyrio
& Autres Aventures"- Denoël coll.Lunes d'Encre (2004) trad.Gilles
Goullet ill.Sparth ISBN: 2.207.25429.1
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Dans Clarges, ultime cité d'une
Terre du lointain futur et peuplée d'immortels, rode un assassin.
Quatriéme de couverture (Pocket SF): Dans la dernière cité du monde, Clarges la belle, à la sombre splendeur, les
hommes vivent une vie tracée d'avance. Ils sont Couvée, Coin, Seuil et enfin
Immortels. Clarges est l'ultime bastion de l'art et de la science et
l'immortalité est l'achèvement suprême. Et le monstre attendait depuis sept ans que le scandale
soit oublié. Il gardait son identité secrète parce qu'il espérait regagner un
jour les rangs des Immortels. Alors il rencontra La Jacinthe et eut envie
d'elle. Comment fit-elle pour reconnaître en lui Le Grayven Waylock, qui
avait été jugé pour ses crimes et livré aux Assassins ? Il fallait qu'elle meure
coûte que coûte. Malheureusement la mort n'était pour elle qu'un simple
inconvénient. Et quand elle reviendrait Waylock se retrouverait en enfer. Pour
toujours.
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Trad.Françoise
MAILLET Ill.Georges
RAIMONDO Le Masque
SF n° 103 (1980) ISBN : 2-7024-1044-8
Trad:
Françoise MAILLET & Arlette ROSENBLUM Ill.Wojtek SIUDMAK POCKET, coll. SF n° 5271
(1987) ISBN : 2-266-02045-5
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Critique: Edition Pocket
n°5271 Encore une reprise de la collection Masque S.F., qui nous aide à nous souvenir
que Vance n'a pas écrit que des fantaisies, comme Les Baladins de la Planète
géante (présenté dans Fiction 388), mais aussi pas mal de
textes dont le ton sérieux nous tient en haleine. Ainsi de ce roman, qu'on peut
rapprocher d'Emphyrio, et qui bénéficie d'une intrigue plutôt noire.
L'auteur met une nouvelle fois en scène une micro-société, un de ces modèles
concentrés d'humanité qu'il se délecte à disséquer, parfois simplistes car
simplifiés à l'extrême, mais toujours attachants car ils vont à l'essentiel du
propos de Vance. Dans Clarges, « la dernière métropole du monde », la
carrière d'un homme est une affaire d'importance ; car celui qui décide de
grimper les échelons, Couvée, puis Coin, puis Troisième, puis Seuil, accède
enfin par l'intérêt de son travail à la plus haute récompense qui se puisse
désirer ; l'immortalité, autorisée par le clonage de son individu physique
conforté par la mise à jour régulière des souvenirs du clone depuis l'expérience
vécue de l'original. L'effet pour devenir le pair de ces demi-dieux au
comportement aristocratique crée de telles tensions dans la population qu'un
défoulement est indispensable afin d'éviter l'explosion : c'est Carnevalle, le
lieu de plaisirs, la fête de la nuit. C'est en ce bal masqué où tout est
possible que la Jacinthe Martin, immortelle de fraîche date, va rencontrer Gavin
Waylock, un gluron, c'est à dire un de ceux qui ne se soucient pas de gravir la
pente. Mais, les masques mis bas, la Jacinthe a la désagréable impression de
reconnaître Le Grayven Warlock, le Monstre que la société de Clarges a privé de
son immortalité sous l'accusation de meurtre que l'assassin a payé très cher, en
comparaison. Existe-t-il des revenants ? Et si oui, sous quelque
forme que ce soit, quelle peut être leur motivation, sinon la
vengeance ?
GARGUIR Alain Parution : 1/12/1987
dans Fiction
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Critique: Dans le monde d'après le vingtième siècle, la vie a bien
changé. Pour certains, elle est même devenue éternelle. La société est divisée
en « phyles » dont l'appartenance détermine une certaine longévité, voire
parfois un raccourcissement de la vie, l'éternité étant réservée aux Amarante,
l'élite du mérite social. Bien sûr, quand l'âge fatidique est atteint, quand vos
capacités ne vous ont pas permis d'appartenir à un phyle supérieur, un Assassin
vous rend visite. C'est là votre dernier rendez-vous. Gavin Waylock n'est qu'un gluron, c'est-à-dire un être
qui ne s'est pas encore inscrit dans la compétition pour monter en phyle.
Pourtant, la Jacinthe Martin, une Amarante, reconnaît en lui le Grayven Waylock,
ce Monstre, cet Amarante qui a osé donner la mort à l'un de ses semblables. Les
Assassins se sont occupés de lui mais il se pourrait qu'il leur ait échappé. Et
le revoilà, peut-être. Quelles sont ses intentions ? Jack Vance exhibe une nouvelle fois dans ce roman
original son imagination fertile, sa verve et son art de créer des mondes
autres. La société qu'il décrit est pleine d'inégalités, comme la nôtre. Mais
ces inégalités ne sont pas liées à la fortune. Même un gluron peut être riche,
plus riche qu'un Amarante. Le véritable privilégié est celui qui possède le plus
grand capital-vie. L'abondance ne se compte pas en millions, mais en années à
vivre, ou en immortalité. L'équilibre est fragile. Ce que gagnent les Amarante,
d'autres le payent, ceux qui végètent au bas de l'échelle des phyles. Ils
doivent mourir avant l'avènement de leur mort naturelle pour que soit préservé
l'équilibre démographique. Si on ajoute à cela les mouvements de plus en plus
nombreux qui remettent en cause le système, la multiplication des Déviants, la
généralisation du syndrome catatonie/folie furieuse et la
frustration/tension/amertume des gens qui voient stagner la pente de leur vie et
l'espoir d'atteindre un jour un phyle supérieur, on peut comprendre qu'il
suffisait d'un petit catalyseur pour tout dérégler. Gavin Waylock fut ce catalyseur.
Voilà. Jack Vance a prouvé que ce monde qui ressemblait
par bien des aspects à une utopie n'était en fait qu'un univers aussi imparfait
que les autres. Il a sur le nôtre l'avantage de ne pas exister. Tout cela pour
en arriver à un départ vers les étoiles qui n'a aujourd'hui plus rien
d'utopique. La Science-Fiction ne serait-elle devenue qu'une
extrapolation scientifique ? Non, bien sûr, car cette extrapolation scientifique
n'est pas une fin mais un moyen pour explorer la vie, l'avenir et
l'imaginaire. SANVOISIN Eric Parution : 1/11/1987
dans Fiction
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