 Presses-Pocket n°5097 ill.
couverture Laverdet Isbn : 2-266-00957-5
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"Jack Vance, né en 1916 a été marin et reste un grand voyageur. Tous ses romans sont
des invitations aux plus lointains voyages dans l'espace et dans le temps.
Ethnologue de l'impossible, il brosse des tableaux complets des cultures
rencontrées à chaque escale; sa fantaisie ne recule devant aucune excentricité.
On pourrait dire de lui ce qu'il a dit d'un de ses héro : "Son imagination fut à
la fois un don et une malédiction. Une vie ne luis suffisait pas." Dédaigné par
les catésiens, il a été remis à sa vraie place et beaucoup de jeunes auteurs
pratiquent à son exemple le "nouveau space opera". On le connait surtout par
ses grands cycles comme La geste des Princes-Démons, et les chroniques de
Durdane, mais il a été jusqu'en 1965 un spécialiste de la longue nouvelle, comme
en témoigne ce livre d'Or. + Introduction par Jacques Chambon +
Bibliographie complête jusqu'en 1980
Maître de la Galaxie (Brain of the galaxy,1951) "Un
défilé de séquences apparemment sans lien entre elles suggérant
des époques, des mondes, des situations différentes; l'infinie variété
du cosmos traduite en une série de vignettes; un mystère (celui-là
même du procédé narratif) trouvant finalement son explication :
ce qui fera l'image de marque de Vance est déjà là. Mais le récit
est aussi orienté par une réflexion sur les difficultés de l'exercice
du pouvoir dont la conclusion, pour le moins inattendue, laisse
rêveur... Discrètement, le Vance des grandes oeuvres de la maturité
commence à s'annoncer."
Personnes Déplacées (DP!, 1953)
"Cette nouvelle m'a été signalée par Harlan Ellison qui
la tient pour « une des choses les plus brillantes que Jack ait
jamais écrites - une rareté à mettre sur le cul ceux qui croient
que Vance n'est qu'un auteur d'heroïc fantasy ». Parue en 1953 dans
un magazine assez obscur, elle est manifestement inspirée par la
question juive telle qu'elle s'est posée au lendemain de la dernière
guerre, mais son allure de parabole lui permet d'embrasser le problème
des réfugiés en général. Raison pour laquelle, en 1980, alors que
la question palestinienne n'est toujours pas résolue, alors que
les . réfugiés, sud-vietnamiens et cambodgiens cherchent un peu
partout des lieux d'asile, elle reste d'une terrible actualité."
Quand se lèvent les cinq lunes (When the five moons rise
, 1954) "Un récit caractéristique de la veine poétique
de Jack Vance. Le décor y est de science-fiction, mais l'ambiance
générale est celle d'un conte fantastique sur les sortilèges de
la mer et de la nuit. L'aventure de ce gardien de phare en proie
aux créations de son esprit transpose-t-elle une expérience de l'ancien
marin? Traduit-elle un début de réflexion sur les pièges de l'imagination?
Sur les mondes de fiction comme révélateurs de nos fantasmes? La
question de sa portée reste ouverte."
Le Papillon de Lune (the Moon moth , 1961)
"Dans le Prince des étoiles, au cours d'une discussion
sur la « symbologie », entre Kirth Gersen et Detteras (l'un des
trois suspects du justicier), il est question du monde de « Sirène,
où (...) les hommes portent des masques extrêmement stylisés de
leur naissance à leur mort. Le visage est pour eux le secret le
plus farouchement gardé ». Ce clin d'oeil, par lequel Vance rattache
Sirène à l'Œcumène et « Le Papillon de lune » à la Geste des Princes-Démons,
devait rester complètement inaperçu du lecteur français lorsqu'il
découvrit le Prince des étoiles dans les numéros 10 et 11 de Galaxie,
car, à cette époque (1965), la nouvelle en question n'était pas
encore parue dans notre pays. Si j'en fais mention ici, ce n'est
évidemment pas pour qu'on puisse désormais le saisir - cela n'a
qu'un intérêt très relatif - mais parce qu'il confirme que « Le
Papillon de lune » est la pierre fondatrice de la Geste des Princes-Démons,
le creuset où se sont élaborés et l'idée de cette série de romans
et le' système qui la sous-tend. Une seule différence, la longueur
mise à part, entre l'histoire d'Edwer Thisse! et celle de Kirth
Gersen. l'enquête policière qui doit amener au démasquage (au sens
propre du terme) d'un criminel n'est pas un prétexte à la découverte
de mondes exotiques; c'est plutôt la familiarisation progressive
avec un cadre, des moeurs, un langage originaux qui fait progresser
et, finalement, aboutir l'enquête. De ce point de vue, loin de n'être
qu'une ébauche, la nouvelle est peut-être plus finement construite
que le cycle qui en est sorti."
Le Dernier Chateau
(the last castle ,1966) Nebula 1966,Hugo
1967 "Ce long récit (prix Nebula 1966
dans la catégorie « novellas » et prix Hugo 1967 dans la catégorie
« novelettes ») est l'un des rares textes de Vance sur. lesquels
celui-ci ait daigné fournir quelques commentaires. Bonne occasion
pour moi de disparaître dans les coulisses et de laisser l'auteur
(à qui on peut imaginer que j'aurais posé la fameuse question :
« Mais où allez-vous donc chercher tout ça? ») présenter luimême
« Le Dernier Château » "Il y a des cas où la source d'une
histoire est un mystère pour l'auteur lui-même. Il y en a d'autres
où son origine est parfaitement claire. Dans le cas du « Dernier
Château » , on est à cheval sur les deux situations. Le point
de départ de ce récit se trouve dans un article sur la société japonaise
qui m'est un jour tombé sous les yeux. Au Japon, comme on le sait,
les rapports sociaux reposent sur des conventions très strictes
- et qui l'étaient beaucoup plus autrefois qu'elles ne le sont aujourd'hui,
depuis la démocratisation relative qui a suivi la dernière guerre. Au
dix-neuvième siècle, quand un samouraï condescendait à s'entretenir
avec une personne d'un rang inférieur au sien, chaque interlocuteur
usait d'un vocabulaire bien différent, avec des formules de politesse
soigneusement ajustées à la différence de statut. Quand la personne
d'un rang inférieur parlait des activités et des intentions du samouraï,
elle recourait à une phraséologie bien spéciale. Ainsi, elle n'aurait
jamais posé une simple question du genre : « Est-ce que votre seigneurie
compte aller demain à la chasse. au sanglier? » Cela aurait impliqué
de la part de sa seigneurie une "ferveur grossière et dégradante,
un empressement fébrile et moite que sa seigneurie aurait trouvé
outrageusement au-dessous de sa dignité. Le subalterne demandait
donc plutôt : « Est-ce qu'il serait du goût de sa seigneurie de
s'accorder demain le divertissement d'une chasse. au sanglier? »
En somme, l'aristocrate était doté de sentiments d'une si parfaite
délicatesse, de compétences d'une si prodigieuse étendue, qu'il
suffisait de flirter avec toutes les activités ordinaires, comme
en passant, pour obtenir de brillants succès." « Le Dernier
Château » décrit une société de gens assez semblables et examine
le comportement de cette société face à une grande crise. Retour
du meneur de jeu au micro pour signaler que Vance aime particulièrement
décrire des civilisations parvenues à ce point de raffinement où
elles n'ont plus qu'à sombrer dans la décadence - avec tout ce que
cela comporte de mélancolique majesté. « Nous autres civilisations,
nous savons maintenant que nous sommes mortelles. » La célèbre phrase
de Valéry pourrait servir d'exergue au présent récit comme à beaucoup
d'autres oeuvres de Vance."
Alice et la cité (Assault on a city ,1974)
"Alice, c'est la jeune sauvageonne qui vit là-bas, sur
les planètes en voie de colonisation, et profite d'un court séjour
en métropole pour y faire un peu de tourisme. La cité, c'est Fiant,
la merveille des merveilles, le nec plus ultra de la civilisation,
quelque chose comme la Clarges de la Vie éternelle. Alice dans la
cité, c'est une sorte de version futuriste des Persans de Montesquieu
dans le Paris du XVIIIe siècle."
Le Tour de Freizke (Freizke's Turn ,1977) extrait
"Et pour finir, un petit roman policier, mais
très différent du « Papillon de lune », bien qu'il s'agisse une
fois de plus de démasquer quelqu'un. Il fait partie d'une série
de « novellas » entamée par Vance en 1975 à la demande de Robert
Silverberg qui, depuis quelques années, a entrepris de promouvoir
cette forme littéraire en lui donnant une place dans ses recueils
collectifs ou en en faisant la matière exclusive de certaines anthologies
- citons parmi ces dernières Great Short Novels of Science Fiction
(1970), No Mind of Man (1973), Three Trips in Time and Space (1973),
Triax (1977). Cette série, qui compte deux textes à ce jour, « The
Dogtown Tourist Agency » et celui que vous allez lire (mais d'autres
sont en projet), est centrée autour de Miro Hetzel, une sorte de
détective privé qui tient à la fois de Magnus Ridolph et de Kirth
Gersen. Ce qui la distingue des récits de Vance appartenant à la
même veine : le caractère très original, voire franchement insolite
des missions confiées à Miro Hetzel (vous allez le voir ici chargé
de récupérer un objet très ordinaire mais que l'on n'égare que rarement
dans la nature) et la pratique systématique du clin d'oeil (ainsi
le docteur recherché par notre « effectueur » vous en rappellera
sûrement un autre)."
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