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Croisades (2003)
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 Traduction de Pierre-Paul DURASTANTI
& Jacques CHAMBON Illustration de
Philippe GADY BELIAL / ORION, coll. Science-Fiction n°
27, mai 2003 ISBN : 2-84344-049-1
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Quatriéme
de couverture (Bélial): Il y a Alan Robertson et sa fabuleuse invention qui brise les frontières de
l'espace et du temps. Il y a Luke Grogatch qui, dans un monde résigné, se dresse
face aux diktats de la bureaucratie. Il y a Sam Salazar sur Pangborn, où
l'humanité a oublié ses origines et envisage le génocide. Il y a enfin Dyle
Travec qui, parce que sa famille a été capturée puis vendue par des
esclavagistes, va mettre Maxus à feu et à sang.
Quatre hommes qui refusent la fatalité, quatre croisades
pour changer la face du monde.
Recueil inédit, Croisades réaffirme le talent de
Jack Vance et s'impose comme le plus concluant des manifestes en faveur de l'un
des derniers grands maîtres de la science-fiction et de fantasy
mondiales. |
 Folio
SF n°205 Editions Gallimard (7 avril 2005) ill.
Cyril Terpent ISBN:
2070313247
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Destins hors du commun que
ceux d'Alan Robertson, l'inventeur de la porte entre les mondes, victime de sa
propre création, de Luke Grogatch, engagé dans un marathon au cœur des plus
hautes sphères de la bureaucratie et du pouvoir, de Sam Salazar, qui, pour
sauver l'humanité, redécouvre la science, jadis abandonnée au profit de la
magie, et de Dyle Travec dont la terrible vengeance s'abat sur le monde qui a
réduit sa famille en esclavage. Quatre héros pour qui rien n'est impossible,
quatre «croisés» qui se dressent face à l'ordre établi, l'injustice et la mort,
quatre aventures à la démesure de l'immense talent d'un des derniers grands
maîtres de la science-fiction et de la fantasy mondiales. |
Critique: A l'approche de la sortie d'un numéro spécial de Bifrost entièrement consacré à
Jack Vance (après ceux dédiés à Dick, Simak puis Moorcock) et en même temps que
de nombreuses rééditions en Folio SF, Le Bélial' publie un beau recueil de
nouvelles, annoncé comme « inédit ». En réalité, seule une nouvelle sur les
quatre est inédite en français. Les trois autres ont été publiées dans les
années 1970, en anthologies chez Casterman, ou bien dans Fiction. Il
s'agit donc de textes qui n'étaient plus accessibles qu'aux seuls
collectionneurs, ce qui justifie pleinement leur reprise en recueil. On pourra
juste regretter que cela ne soit pas clairement indiqué sur la quatrième de
couverture, de préférence à la mention ambiguë de « recueil inédit ».
Le point commun entre les quatre textes retenus est
celui des « croisades pour changer la face du monde ». En dehors de ce
fil conducteur assez lâche, ces récits sont très différents et nous donnent à
découvrir plusieurs facettes de l'inspiration de l'auteur.
Ainsi, La Grande Bamboche est une curieuse
variation sur les univers parallèles et les voyages temporels. Bienfaiteur de
l'humanité, Alan Robertson a inventé des portes spatio-temporelles qui
permettent de se rendre dans les infinités d'univers parallèles possibles et
donc, par exemple, de posséder son propre monde privé. Lorsque Duray s'aperçoit
que quelqu'un a fermé de l'intérieur les accès à son monde, il va suspecter
Robert Robertson, l'excentrique organisateur de la Grande Bamboche, une fête
pour le moins mystérieuse ... Malgré des idées intéressantes et une certaine
fantaisie, j'avoue avoir trouvé ce texte assez long, plutôt laborieux et confus.
En somme, peu convaincant.
Les Œuvres de Dodkin est un texte qui
relève peu de la SF. Il s'agit d'une satire qui stigmatise les lourdeurs de
l'administration et de la hiérarchie : parce qu'il s'oppose à une directive
imbécile, Luke Grogatch explore les rouages complexes d'une administration
écrasée par son propre poids. Il est aidé en cela par son culot, mais aussi par
la crainte qu'ont ses interlocuteurs de tomber en disgrâce s'ils se font
remarquer, et par leur vanité qui les rend incapables d'imaginer qu'un inférieur
puisse les solliciter. C'est au bout du compte une variante assez classique des
satires de la bureaucratie, comme on peut en trouver aussi bien chez Tchekov,
Cohen-Solal ou Kafka, pour ne citer qu'eux. Mais cette caricature, qui débouche
ironiquement sur une réflexion sur le véritable pouvoir, s'avère très
amusante.
Les Faiseurs de miracles est un récit plus
typiquement vancéen. Il nous fait découvrir une planète étrangère, où vit un
peuple « primitif » difficile à appréhender. Le principal intérêt est
l'inversion des valeurs : pour les hommes de Pangborn, la science de leurs
ancêtres apparaît comme « miraculeuse » tandis que la magie — essentiellement
des « envoûtements » basés sur une forte suggestion — est considérée comme un
phénomène naturel. Voilà un excellent exemple de « science fantasy »
réussie, et probablement la meilleure nouvelle du lot.
Enfin, Les Maîtres de Maxus, le seul inédit du
recueil est également un texte d'aventures exotiques typiquement vancéennes.
Maxus est une planète où l'esclavage est un droit et plusieurs personnages vont
s'unir pour y mettre fin. Comme à son habitude, Vance émaille son récit rythmé
et coloré de détails sur les coutumes, la politique, la religion. Un bon texte
malgré un dénouement assez quelconque.
Les univers vancéen sont toujours un peu à l'étroit dans
le format de la nouvelle — même longue comme c'est ici le cas — et l'on demeure
donc assez loin des chefs-d'œuvre du maître, mais Croisades est somme
toute un recueil agréable et de bon niveau, notamment grâce sa diversité. Les
textes accusent peut-être leur désuétude, mais cela participe au charme de la
lecture pour qui apprécie Vance. Et si ces Croisades ne changeront sans
doute pas la face de notre monde, on aurait tort de se priver du plaisir de
découvrir des aspects moins connus de l'œuvre de Vance. PATOZ Pascal
23/9/2003 - NooSfére
*
La traduction a été entièrement révisée. Due à Marcel Battin, elle n'était
pas dépourvue de qualités (il avait plutôt bien saisi le ton, par exemple),
mais abondait en lourdeurs (elle souffrait notamment de ce que j'appelle
l'adverbite), faux-sens, contresens, etc... Dans le même ordre d'idées,
les nouvelles versions d'Un monde d'azur (Livre de Poche), de Les maîtres
des dragons (Denoël) et de La vie éternelle (idem) sont plus agréables à
lire et plus fidèles que les traductions anciennes. C'est peut-être sur Les
maîtres des dragons que la différence est la plus criante. réponse mail de
Pierre Paul Durastanti (28/06/2005)
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