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Ceci est la traduction française du récit d'une rencontre
au domicile de Jack Vance en 1989, par son auteur, Joe
Bergeron (artiste, illustrateur de livres dont je vous ivite à aller voir le
site et que je remercie de son autorisation.) |
Vance est mon ecrivain favori. Ce qui suit a été publié pour le Magicon d'Orlando,
Convention mondiale de Science-fiction en 1992,
ou Jack Vance etait invité
d'honneur.
Une Visite chez Jack Vance
Quand j'étais un adolescent rêveur, j'ouvris l'edition Lancer d'un livre appelé
"The Dying Earth" ("Un Monde Magique" ed. J'ai Lu
n° 836 ) et je m'étais aussitôt perdu dans ses plaisirs sensuels.Tandis qu'il devenait
un de mes livres favoris, pour une certaine raison je ne lisais pas d'autre
livres de Vance, bien que j'achetais un peu des titres au hasard. J'avais la
sensation que dans "Un Monde Magique" j'avais lu le
chef-d'oeuvre de Vance, et que n'importe quoi d'autre devait forcément être
une déception. Heureusement pour moi, mon ami Terry Sisk (Graybill) m'a fait connaitre des
livres comme la serie des Princes-Démons
et Tschaï.
Je devenais un collectionneur de Vance ,lisant amoureusement tout ce que je
pouvais trouver .J'essayais de peindre l'univers de Vance,mais un essai insatisfaisant
sur "Un Monde Magique" m'a fait renoncer.Je cessais
jusqu'à "Araminta Station" paru en 1987.Mon tableau
de Glawen et Sessily me semblait assez bien pour que je pense que Jack Vance
lui-même pourrait être intéressé en le voyant. Je lui écrivais en joignant une
photo du tableau. Il me répondit avec une lettre manuscrite de louange. Encouragé,
j'écrivais une lettre plus longue qui parlait de son écriture. Il répondait
que si j'étais un jour dans les alentours je devrais venir et lui rendre visite
(ma parole)! J'ai cherché une excuse/occasion pour visiter Oakland* pendant un certain temps,
comme de rencontrer une jeune femme au charme typiquement Vancien. L'idée de
combiner cette mission avec une visite à Jack Vance était irrésistible. Quelques
mois plus tard je m'envolais, non pas vers la Baie de San Francisco, mais vers
Los Angeles. J'avais décidé de faire le voyage chez Vance avec mon oncle Bobby.
Un ex-chimiste industriel, Bob Bergeron qui avait pris sa retraite dans une
vallée éloignée des Sierras du sud. Quand nous sommes arrivés à Oakland nous avertissons Norma Vance que nous étions
en route. Elle repondit qu'elle attendait avec impatience notre visite.Cela
fournirait une distraction pour Jack. Elle suggerait que nous leur faisions
une faveur en venant les visiter...un bon comportement d'une hôtesse habile.
Elle nous indiqua comment ouvrir la porte d'en bas et de crier pour annoncer
notre arrivée, aucun des deux n'étant trop vif pour descendre les marches. Le trajet jusqu'à la maison des Vance implique des rues escarpées et étroites
et un des plus serré virage en épingle à cheveux que je n'en ai vu sur le Pike's
Peak. La maison est bâtie sur le côté d'une colline. Nous entrons dans l'allée;
une lumière de projecteur s'alluma aussitôt. Bien, pensais-je, ils ont remarqué
notre arrivée. J'ouvrais la porte, et nous avons grimpé les marches jusqu'en haut
et sommes entrés dans leur salon, prenant les Vance par surprise. Ils étaient
en fait ignorants de notre présence. "Et alors,hein?" dit Jack. J'en déduisais
que je venais d'avoir ma première rencontre avec un éclairage de sécurité-detecteur
de mouvement. Oups. Malgré notre entrée effrontée, Jack et Norma nous ont reçu chaleureusement.Jack
décrivait comment leur maison avait évolué à partir d'une petite cabane grâce
à ses talents de menuiserie, augmentes ultérieurement par ceux de son fils,
John. La maison a plusieurs niveaux,un multiple tracé. John faisait actuellement
encore un autre ajout, un pont vers la cuisine. La pente du coteau est si raide
sur ce côté de la maison que le pont fournit une plateforme ideale de suicide.
Encore est-il obscurci par des arbres assez grands pour former un immense baldaquin
vert. La lumière du soleil filtrant par la verdure envoie une lumière contrastée
par les grandes fenêtres entourant la table de déjeuner. Assis là, je pouvais
m'imaginer que la maison était située dans une forêt sauvage plutôt que dans
un quartier résidentiel. Suspendu au dessus de la table est un chandelier. Il
avait vacillé durand le grand séisme qui était survenu quelques semaines auparavant. Comme nous asseyions autour cette table, Jack commençait de nous jauger. Avec
energie et force questions il allait déterminer si nous correspondions à ses
normes de goût et bon sens. Je me demandais si j'allais tenir le coup dans ce combat d'entrainement, mais ultérieurement je n'en suis pas si sûr. Jack Vance n'a rien
de si dogmatique. Il avait la critique feroce pour plusieurs artistes, incluant
certains de ceux qui ont illustré les coûteuses éditions de ses livres. Je commençais
a soupçonner que sa bonne opinion de mon propre travail d'art pourrait être
due à son incapacité à le voir clairement. Il exprimait aussi des avis rabaissant
l'habileté d'écrivains dont la réputation dans le domaine SF est comparable
à la sienne. Et il faisait cette affirmation surprenante que le Jazz est la
meilleure forme de musique jamais concue par l'homme. Je tombais tres bas dans
son estime quand je ne parvenais pas a y consentir. J'avouais mes propres ambitions d'écriture, décrivant une idée que je pensais
développer. Jack me disait carrement qu'il ne le pensait pas . Je continue à
penser que le concept avait des possibilites...mais je n'ai écrit encore aucune
histoire. Jack nous offrit quelque chose à boire. Je ne bois pas beaucoup, mais j'acceptais
un verre de vin pour marquer l'occasion de rencontrer un de mes héros. Jack semblait découragé. La prèsque perte totale de sa vue avait amplifie un
cynisme latent. Il décrivait comment la cécité influait sur sa vie et son travail.
Je pouvais bien imaginer la douleur de la cécité pour quelqu'un si orienté visuellement,
un homme dont le nom est synonyme de couleur et d'illustration éclatante. Mais
il était clair que Jack n'avait souffert d'aucune autre perte de ses facultés.
Son esprit et sa verve étaient indubitablement aigus.A l'époque il avait juste
fini "Madouc" et était près à commencer "Bonne
et Vieille Terre". Il expérimentait un logiciel de synthése vocale pour
que son ordinateur retranscrive ses manuscrits. Il espérait avoir un rendement
suffisant de travail. J'espérais que cette technologie permettrais certes l'expression
libre de ses idées,à mon avis peu de ses contemporains travaillent autant que
Vance pour ses romans les plus récents. Jack était plus prêt à discuter de son travail que je ne m'y étais attendu.
Je partageais mon admiration pour son dialogue élégant. "Le monde serait plus
intéressant si les gens conversaient réellement comme ils le font dans vos univers."
Mis au défi, Jack essaya de spontanement faire jaillir un peu de sa veine Vancienne
dans son discours. Il ne reussit pas à me convaincre. Evidemment, un discours
d'une telle élégance vient plus aisément au clavier qu'en parlant. J'étais stupéfié par l'attitude pragmatique de Jack envers l'écriture. Loin
d'être une force motrice, ou une façon de se libérer d'histoires et de fantaisies
qui autrement le harceleraient, il réclamait que pour lui, l'écriture est seulement
un travail, une source de revenu,et un métier pour lequel il trouvait il a un
don. Au cours de cette conversation Norma s'affairait dans la maison, lançant un
commentaire occasionnel en passant. Son intéret pour l'écriture de Jack était
évident. Elle citait ses livres favoris, parmi eux le négligés "Emphyrio",
mon preferé. A un moment John Vance revint d'un match de volleyball . Un agréable garçon,
il me semblait comme quelqu'un d'apte à moderer les heurts occasionnels entre
ses parents. Adorant Norma, il nous faisait ressentir l'ambiance familiale. Jack Vance, il
me semble, a l'avantage d'avoir le soutien d'une famille intelligente et patiente.
Jack était tres heureux de nous montrer les curiosites intéressantes de sa
maison. Parmi elles était un portrait peint. Il le montrait tenant un banjo,
avec un voilier dans l'arrière-plan. Selon lui ce n'était pas réellement son
portrait; il avait juste servi comme un modèle pour un ami artiste . Mais pour
moi, une peinture de Vance jouant du banjo sur un voilier est un portrait de
Vance ,meme si lui ne le pense pas . Mélancoliquement il nous parlait de son amour de la naviguation; amoureusement
il décrivait le texture vitreuse des vagues. Il indiqua alors les carreaux sur le plafond de cuisine. Il avait peint à
la main chacun d'eux. Ils étaient pour lui, une source particuliére de fierté
. Les modèles étaient agréables, vaguement Hollandais de Pennsylvanie dans le
style. Je trouvais étrangement singulier qu'un homme qui avait tant oeuvré
dans la littérature comme Vance pouvait être aussi simplement doué pour le travail
manuel. Norma faisait bonne usage de sa cuisine. Avec un bon feu et un wok en fer martelé
elle fit bientôt frire un excellent dîner. La piéce ou nous dinions avait un
panneau de bois sombre et était occupe par une table longue massive du style
salle de garde de chateau. Un coin de la piece était occupé par un bar plus
rempli que celui que l'on peut trouver dans certains hôtels. Comme deux clochards
invités à un repas d'amis et sans connaissances au nord de la Côte
Ouest, Bobby et moi etions enchantés de cette hospitalité. Avant que Jack ne revienne,Norma essaya de l'excuser pour son irascibilité.
Mais je ne voyais aucun raison. Jack Vance était plus interessant que je l'avais
espere. Il etait défiant certainement, mais d'une façon si enjoué. Je senti,
peut-être prétentieusement, que ses histoires m'avaient donné une certaine compréhension
de sa personnalité. Plus je passai de temps avec lui, plus je l'appreciais . Bobby aussi n'avait aucune difficulté à converser avec Jack. Il n'avait jamais
lu un mot de ses écrits, et n'était pas enthousiasme par l'accomplissement littéraire.
Pour lui Jack était juste un autre dogmatique . Il mettait de la
bonne volonté à partager ses opinions. Ils débattaient des mérites du jazz et
parlaient de naviguation. Quand Jack et Norma ont annoncé il était temps d'aller dormir, nous demandions
la permission de camper dehors dans leur allée. Ils y consentaient, mais m'offraient
la chambre d'amis au bas des marches. J'y passais la nuit avec leur chat, qui était
vieux, gras , et amical. C'était une nuit à penser au hasard tortueux de la
vie. Il m'avait amené loin de chez moi, à dormir dans la maison d'un homme dont
je chérissais l'ecriture. J'étais encore partiellement le rêveur qui avait aimé
"Un Monde Magique"seize années avant. Assez de ce garçon restait en moi si bien
que je senti une petite touche de magie dans cette maison.
 Joe Bergeron et Jack Vance au petit déjeuner .
Au matin nous vimes offrir le petit déjeuner. Je demandais à Jack de le prendre
en photo tandis qu'il asseyait à la table, regardant un petit grincheux dans
un survétement gris. Enfin je donnais à Bobby l'appareil pour qu'il nous photographie
ensemble. Bobby et moi avons remercié les Vance de nous avoir si bien acceuilli. Nous sommes
monté
dans la voiture et avons descendu la colline, en route vers d'autres aventures.
La maison des Vance devenait alors un ferment pour imaginer des histoires fantastiques
magnifiques ou héroïnes piquantes et fiers héros flânent sur les esplanades
et vivent dans des hôtels occupés par de curieux petits hommes pointilleux.
Récemment, la mélancolie a recommencé à m'affliger . Dites...Je me demande si Arthur C. Clarke a un lit supplémentaire dans son
logement...?
Copyright 1992-1997 par Joe Bergeron
* Jack Vance habite Oakland, en face de San Francisco,
de l'autre coté de la baie.
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